EXTRAIT DE "NOS ENCHANTEURS", LE QUOTIDIEN DE LA CHANSON.
« Comment écoutez-vous un album ? Du début à la fin ? En lecture aléatoire ? Selon que vous commencerez par le début ou par la fin, le ressenti de ce nouvel et second album de François Fraisse vous sera totalement différent. Commencer par le début (par la chanson-titre, J’ai hâte) c’est se lancer dans un disque plaisant, mi-chanson mi-variété, aux sujets non faciles, non futiles mais, disons reposants : « J’ai hâte de faire comme le grand Jacques / Prendre mes clics et mes clacs / Vers la terre promise des îles Marquises… » On se dit tiens, un disque qui nous repose de tout, des modes et des tracas : presque hors du temps. Qui « engrange de doux mélanges d’anges / de songes et d’enfance », « se m’amour[e] encore / s’abandonn[e] à notre sort / pour te savourer encore ». Un disque sans prétention « avec mes petites chansons / mes petites carrioles / de bonnes casseroles qui marchent bien / dans la ville on me connaît bien… » Temps arrêté, bonheurs simples (avec qui plus est Sirène, joli hommage à la championne olympique de natation Camille Muffat) tout juste contrecarré, contrarié par L’entreprise qui, elle, nous renvoie à la triste réalité de ce monde : délocalisations, licenciements, chômage… D’autres que lui (Bobin, Frasiak, Dudek, Lavilliers…) ont aussi chanté les usines vides et les mains d’or : Fraisse le fait avec la même douleur, la même retenue.
Maintenant, tentez l’expérience (comme je doute que ce disque soit en tête de gondole à la Fnac, entre machines à café et lave-linges, allez sur le site de Fraisse et commandez-le au préalable) : commencez par la fin. Le Cabu’song en piste 10 ? Non, quitte à faire plus loin encore, sur cette piste cachée… La chanson qui suit le bel hommage au dessinateur Cabu n’est même pas titrée : elle n’existe que si vous laissez traîner le disque jusqu’à la fin. Ça s’appelle Adieu ami, chanson écrite au lendemain du massacre du Bataclan : « Ils m’ont volé ma liberté / En plein cœur de Paris / Moi l’insoumis / Je dis adieu amis famille / Et puis adieu ma chérie / Je t’aime je t’aime / Oui mais / Adieu la vie j’ai rien compris / J’en crève aujourd’hui / Pourtant c’était bien parti / Un son de folie / Venu de Californie / Et le public ravi / Jusqu’à ces bruits / Pétards mouillés / Comme tes grands yeux meurtris / Qui pleurent / Ma lente agonie […] J’ai rien compris / A cette barbarie ». Si vous commencez par la fin, vous allez donc de Charlie au Bataclan et c’est effectivement un tout autre disque, qui soudain fait fi de l’insouciance, de la légèreté des premières plages. Ça jette un froid, effroi. Dr François et Mystère Fraisse…
Cet Ardéchois est intermittent du spectacle et vous ne le connaissez pas. D’abord chanteur de bal (ce qui est très formateur) puis repreneur de Brel, de Brassens et de quelques autres de même tonneau, ce qu’il est encore. Premier album perso (Je voudrais vous parler) il y a quatre ans, nouvel album (gorgé de beaux dessins d’Arnu West) il y a quelques semaines. Et la volonté d’en parler, de le défendre. Il y a de quoi. On apprécie un tel répertoire original, qu’inconnu qu’il puisse être il associe son chant à des causes et des douleurs de partout partagées, faisant intelligent chorus. Fraisse mérite notre écoute. »
Extrait du "Dauphiné Libéré".
« Un petit air dans la tête. Admirateur éclairé de Barbara, Brel ou d’Higelin, François Fraisse envisage bientôt de produire son premier album.
Le chant. A l’écouter et à voir ce dont il est capable, on croirait qu’il est tombé dedans tout petit. « Je crois que ce sont les émissions de Maritie et Gilbert Carpentier qui m’ont donné envie », entame François Fraisse.
Trentenaire expérimenté, il possède néanmoins cette flamme de la jeunesse qui le pousse à aller toujours plus loin. D’ailleurs depuis le magnétophone reçu en cadeau quand il était gosse, les temps ont bien changé.
Un projet d’album
Ainsi, plusieurs fois par semaine, le Grangeois se saisit désormais du micro avec une assurance acquise au fur et à mesure des scènes. A son répertoire, il propose plusieurs centaines de chansons populaires. Le déclic ? Il s’est produit lorsque le bougre a décidé de répondre à l’annonce passée par un groupe de la drôme provençale, « les copains d’abord » Nous étions en 1998. A l’orchestre de bal suivra la création du « Duo des Notes »avec sa complice Prisca, elle aussi chanteuse.
Du bal du samedi soir au repas dansant, en passant par tout type de proposition musicale, François Fraisse endosse le costume de chanteur avec un plaisir non dissimulé.
Mieux, le voici devenu depuis quelques années auteur-compositeur-interprète. Il a finalisé ses premiers projets de création lors d’une rencontre artistique avec Corinne, pour un duo piano-voix baptisé « Co.Fr ».
L’affaire tourne, puisqu’ensemble ils remportent notamment à Alès, le prix Spédidam d’interprétation.
Ils ont un projet d’album pour l’année prochaine. « Je me dis qu’il y a vraiment quelque chose à faire dans la création et dans l’écriture. C’est à la fois comme une thérapie et un aboutissement », insiste-t-il.
Et comme François Fraisse adore les rencontres, le voici lancé sur un enième projet, un trio avec les compagnons de route de Gérard Morel. Bref, il n’en a pas fini avec la chanson… »
Laurent Delauney – Le dauphiné libéré 2007